Dimanche 16 Avril 2000

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Raid en Vanoise

      Dénivelé : 6000m      Très Bon Skieur Alpin


Claude Morand et Gérard Loubet


L'affaire s'annonçait plutôt mal : mauvais temps, Claude indisponible, Carla partie sous des cieux autrichiens (?) plus cléments (??). Après trois jours de siège téléphonique de Météo-France-Savoie, il est décidé (Charly, JY, JB) de partir, mais le lundi au lieu du dimanche prévu, en supprimant le Grand Roc noir.

Ce qui est fait, bien que l'éclaircie annoncée pour la mi-journée ne soit pas là. Elle n'est toujours pas là à Lanslebourg, ni au refuge du Cuchet, où l'on arrive après 2 h de portage sous ce temps médiocre. Trois chamois accueillent Charly et Jean-Bernard. L'ambiance extra de ce petit refuge, avec sa vue sur les lumières de Lanslebourg, lorsque les nuages se dissipent, redonne le moral.

Le lendemain mardi, départ dans le brouillard, au lieu du grand beau attendu, vers la pointe du Grand Vallon, 3120 m. Le temps se dégage et nous permet d'atteindre le sommet en empruntant une grosse avalanche, probablement tombée la veille. Descente en poudreuse sous un soleil radieux ! Remontée de 150 m a la Lanserlia sous ce même soleil. La, on a la surprise de voir un hélico déposer un sympathique gendarme (si ! si !) simplement pour nous demander de nos nouvelles : il voulait être sûr qu'on n'avait pas eu d'ennuis avec l'avalanche où on était montés. On pique sur le refuge du Plan du Lac dans une neige superbe : même les plus moyens d'entre-nous y laissent une belle trace !

Le refuge, où il n'y a que très peu de monde, est super sympa. Anne- Marie, la gardienne, nous offre la Roussette en apéritif, malgré sa déception de ne pas voir Claude (mais non, mais non, Dany !). Elle approuve notre projet de faire la Rechasse (3220 m) en aller-retour, plutôt qu'en traversée sur le refuge du Col de la Vanoise (Félix Faure). On raccourcit ainsi quelque peu l'itinéraire initial, mais on remplace un long plat par une descente intéressante. Après un excellent repas, bien arrosé, on apprécie comme la veille (et les soirs suivants) l'élixir végétal 71° de Jean-Yves.

Le mercredi matin, grand beau. On part malheureusement un peu tard et a 200 m du sommet, la fainéantise, la présence de plaques, la perspective d'une mauvaise neige a la descente, nous font hésiter. Un sinistre bruit de tassement emporte la décision et nous redescendons le superbe enchainement de vallons et combes sur une neige d'abord irrégulière puis féerique ! Pique-nique et sieste au confluent Leisse- Rocheure. On met un temps tout-a-fait honnête pour monter les 360 m qui nous séparent du refuge. On y retrouve le sourire d'Anne-Marie et... une bouteille de Chardonney que derechef elle nous offre à l'apéritif.

Jeudi, le temps est toujours beau. Départ au lever du jour, 6 h, pour le refuge de la Femma et la pointe du même nom, 3400 m, d'abord prévue en traversée depuis le vallon de la Leisse. Charly nous quitte au pied de la Lanserlia qu'il gravira pour aller retrouver sa voiture, laissée aux chalets du Suffet. Dépôt d'affaires au refuge et poursuite vers le sommet. De la, panorama de 360°, du Viso au Cervin (Christian aurait même vu la Corse). Descente sur une neige un peu plus délicate que la veille, variable en haut, cassante près du refuge, encore bonne entre les deux. On n'aurait peut-être pas du perdre ce quart d'heure a boire le café lors de la halte au refuge. Soirée et repas agréables. Claire, la gardienne, est sympathique, bien qu'elle ne nous paye pas de canons. C'est la soeur d'Anne-Marie ; elles sont nées toutes deux au chalet d'Entre-Deux-Eaux, au dessus du Plan du Lac. Il y a nettement plus de monde au refuge, a cause de la proximité de Val-d'Isère.

Le dernier jour aurait du être (et l'a été d'une certaine façon) l'apothéose : traversée des crêtes du Chatelard et descente du col de Vallonbrun. Mais, malgré le beau temps et le bon enneigement, ou à cause de celui-ci, les conditions demandent quelques précautions. Aussi décide-t-on de gagner la crête par le glacier de Gefret et le col du Pelvo roux, au lieu de remonter le glacier de Vallonbrun, dont la sortie est raide. Ce nouvel itinéraire est plus long mais plus sûr. Départ au lever du jour avec, toujours, le beau temps. Montée au col du Pelvo. On se laisse un peu impressionner par celui-ci, et on arrive sans encombres a la pointe NE du Chatelard, 3460 m. Mais il est déjà 11 h et il reste cette longue crête qui doit bien prendre 1 ou 2 h. Attaquer les 40° du col de Vallonbrun en début d'après-midi n'est guère enthousiasmant et on fait machine arrière !

On repasse le col du Pelvo, on descend a gauche du glacier pour aboutir en aval du refuge. La neige la moins bonne qu'on ait eue. Il reste les 5 km de plat pour regagner Plan du Lac et autant, avec 600 m de descente, jusqu'au Suffet ou on trouvera une voiture. Le soleil est toujours là, heureusement (ou plutôt malheureusement : voir les coups de soleil). Le sourire d'Anne-Marie et une bonne bière nous requinquent au Plan du Lac. On arrive vers 17 h au Suffet où nous attend un taxi, commandé depuis Plan du Lac. Durant ce retour à Lanslebourg, on apprécie les verts pâturages... On récupère les voitures et on rentre a la maison. Je ne vous dit pas l'état des troupes, en particulier des chauffeurs, après ces 10-11 h passées sur les skis et les 240 km de route.

Après cette journée, on est super content, du moins le rédacteur de ces lignes. On n'a pas fait les "6000 m, TBSA" annonces par Claude, mais on a fait un raid honnête par beau temps dans une ambiance sympa et un cadre grandiose. On reviendra !

Jean-Bernard.

PS : Ayant gravi une deuxième fois la Lanserlia (2909 m) en partant du vallon du refuge de la Femma, j'avais attaqué la descente sur le Suffet quand un groupe fort sympathique emmené par un moniteur de Val Cenis m'a conseillé de remonter au sommet sud de la Lanserlia (2878 m) pour bénéficier d'une superbe descente : plein sud (neige transformée), départ directe du sommet en "S4". En obliquant a gauche, on trouve un défilé très étroit mais skiable qui mène directement à la route du Suffet. Superbe course de 1000 m de dénivelé au départ du Suffet que l'on peut admirer de la route Modane-Termignon : "une des plus belle descente de la région " dixit le moniteur - guide de Val Cenis ! - Charly.

 

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