Samedi 31 Janvier 1998

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STAGE ENCADREMENT: Les Prêtres - Dévoluy

Bernard Schmitt


Rendez-vous a 6H30 devant le local matériel. L'organisateur montre d'emblée le mauvais exemple en arrivant 5 mn en retard! l'organisation de la distribution du materiel est confiée a François. Arrivée vers 8H30 je crois, a 'le Seresq' peu après Truchières. 'On' choisi de se garer 1/2 km avant le départ classique vers la Tête de l'Aupet pour se garantir une neige vierge de toute traces et un itinéraire moins évident, histoire de tester le sens inné de l'itinéraire des encadreurs du CAESUG.
Mais avant tout ça un café chaud agrémente de petits gâteaux nous est servi par Henri en attendant que le soleil arrive jusqu'aux voitures.

Il doit bien être 9H15 quand après quelques causettes sur le choix de l'itinéraire et le sens du circuit (en gros et idéalise: montée dans la croûtée au soleil et descente a l'ombre dans la poudre ou l'inverse?) le groupe s'ébroue. Henri prend d'abord la responsabilité du groupe pour la traversée de la route et la montée du talus de 2 m (> 50 degrés en terrain mixte sur plusieurs dizaines de centimètres) qui la surplombe dangereusement. Grâce a son sens de l'itinéraire une main courante a pu être évitée. Suivent ensuite la vérification de l'état des troupes et de celui des ARVA qui permet a Henri de prendre encore en défaut 2 fois le GO pour oubli de ses bâtons a la voiture et ARVA en mode réception. Une ambiance de pleine confiance s'instaure ...

Gonflé a bloc par ces exploits Henri demande a pourfendre la neige quelques mètres de plus, ce que personne n'a pu lui refuser!
Après avoir surmontes plusieurs passages rocheux et épineux (murets et haies) dans une succession de pres étages, il opte pour une traversée sur le flanc sud du Fouzeou. Alors que quelques questions insidieuses et remarques acerbes commencent a fleurir sous la moustache du GO, quelqu'un (qui ?) lui fait remarquer qu'une de ses peaux se décollent, ce qui, momentanément, lui rabat le caquet.

Abandonne par le groupe le temps de mettre une rustine double face, je vois Henri arriver a mon secours, mais dépité de voir que j'avais déjà réparé. J'hésite a lui attribuer un point car je me demande (toujours) s'il est venu:
1) parce que l'itinéraire semble foireux et il a trouve ce prétexte pour laisser Patrick passer devant pour tirer le groupe d'affaire,
2) pour comptabiliser les points perdus par le GO (4!) et tenter de les échanger contre un joker pour les épreuves a venir,
3) pour essayer une nouveau produit chimique qui parait-il transforme une colle sèche en véritable glu (l'acétate de Vinti, ou quelque chose comme ça).

Finalement, après quelques acrobaties, Patrick ramené le groupe sain et sauf sur l'itinéraire 'classique'. (ndlr: l'itinéraire pressenti était le contournement par le nord du Fouzeou pour rattraper en douceur l'itinéraire a la fontaine de l'adroit). Après un première pause (pas la dernière!) Patrick attaque allègrement la pente en direction de la crête d'Oriol. Nous croisons 2 gus a la recherche d'une paire de peaux (l'un d'eux monte a pied avec skis sur le dos) qui, au vu de notre nombre, abandonnent l'idée de s'en saisir par la force! Arrive dans l'élan vers 1685 m, une traversée et légère redescente devient nécessaire pour rejoindre le vallon de Truchière. La responsabilité du groupe est passée a Régis pour la remontée du vallon qui s'effectue sans difficulté majeure. On a tout le loisir d'observer une plaque a vent (qui est probablement partie d'elle-même) assez haut dans le versant nord du grand Ferrand (le vent du sud a souffle durant un jour juste après la dernière chute de neige avant de tourner nord pendant 10 jours).

Pique-nique a 2014m avant d'attaquer, Yves en tête, la dernière montée vers les Prêtres, acoquiné d'une Demoiselle (les Prêtres, pas Yves!). Après une montée sans problème au col a l'ouest de la Tête d'Oriol, une traversée dans une pente soutenue versant Est en neige soufflée pose quelques problèmes nivologiques, Yves ayant passé brutalement son bâton a travers une couche de neige d'environ 1m en la sondant. Une demi-douzaine de sondages supplémentaires montrant une bonne homogénéité du manteau sur près de 1,50m sur ce versant (et sans trou) laissent penser que ce premier sondage a du soit aboutir dans un 'chouroum' (nom local du scialet), soit plus simplement dans quelque trou d'hibernation du yéti du Devoluy. La traversée est cependant poursuivie avec des espaces plus respectables que précédemment jusqu'à la croupe sud-est.

La situation devenant délicate, Sabine, prend la direction des opérations et nous fait alors une trace bien serrée sur la croupe plutôt raide entre la plaque bien visible dans le versant sud (qu'il est décidé de ne pas aller taquiner) et la pente très raide du versant est. Un peu de neige dure en sortie qui ne fait pas regretter la décision de mettre les couteaux prise par anticipation plus bas. Henri file alors au sommet préparer la verveine, dont on aura bien besoin pour nous réchauffer et pour préparer la descente. Belle vue sur la Tête de l'Aupet déjà bien tracée. Par contre le vallon des Narrites, a son pied, semble exempt de traces.

Redescente du plateau sommital et pose de deux mains courantes sur l'épaule pour un exercice de descente de passage raide. Redescente vers le col et de là on opte pour une descente 'a vue' par le vallon des Narrites. Patrick, François et Claire se relaient pour trouver le meilleur passage dans un relief assez tourmente mais finalement sans véritable barre rocheuse traîtresse. La principale difficulté est plutôt d'éviter de se retrouver au fond de l'une des nombreuses cuvettes et de devoir remonter de l'autre cote. La neige est variable allant de la neige poudreuse a la neige dure en passant par toutes sortes de coûtées. Le terrain offrant toujours des orientations très variées il est pratiquement toujours possible de choisir sa neige préférée.

Un peu avant la fontaine de l'adroit on s'arrête pour un casse-croûte (ça fait un moment que Henri le réclame, mais il n'est que 16 H) et un exercice d'organisation et de recherche d'ARVA dans un pré débonnaire. 1er essai avec 3 ARVA caches a moins de 30m: 1er trouve après 4 minutes, 2eme après 4' 30', 3eme après 7'30'. Peut faire mieux! Le problème essentiel vient d'une recherche a plusieurs du même ARVA avec quasiment bousculade pendant 2 minutes pour la croix finale (celle de la victime qui attend ?). 2eme essai: 1er trouve après 4 minutes, 2eme après xx', et le troisième semble introuvable. Soit il s'est arrête d'émettre (ARVA au rebut réutilisés pour l'occasion) soit je l'ai mal remis en route après le 1er essai. Toujours est-il que cela a permis a montrer dans quel désarroi on se trouve a essayer de chercher quelqu'un enseveli sans ARVA. Après un bon quart d'heure de pelletage (a peine 30 cm d'épaisseur de neige) on abandonne la victime a son triste sort et on redescend au village par une série de prés agréables au nord du Fouzeou souvent recouverts d'une bonne couche de gobelets maintenant la neige très légère malgré l'altitude basse (~1300m).
On rejoint les voitures par 500m de route (on aurait pu traverser plus vers le S-E pour les rejoindre directement. Il est quasiment 6H. Retour un peu précipité vers Grenoble car plusieurs d'entre nous ont des rendez-vous le soir même. On se retrouve au local matériel mais il n'est malheureusement plus temps de discuter de la journée, de quelques profils nivo glanes la veille au centre d'étude de la neige ainsi que des merveilleux itinéraires que chacun avait préparé (comme exercice) dans la semaine qui précédait.

L'itinéraire choisi était moins engage que ce que je prévoyais initialement, essentiellement a cause des risques nivologiques qui étaient loin d'être négligeables dans les pentes raides avec un groupe, même aussi expérimenté que celui ci. Mieux vaut devoir en refaire un autre plus engage techniquement, si tel est le désir, que se faire peur dans des conditions nivo encore précaires. J'ai en tout cas pu constater un comportement généralement sain et prudent des divers encadreurs présents.

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