Vendredi 10 Février 2006
Raid Dormillouse 'sud Ecrins)
Dénivelé : 1400m Bon Skieur Alpin
Claude Morand
Raid Dormillouse (sud Ecrins) 10-13 février 2006
Météo : grand beau , froid Neige : bonne à excellente en versant protégé, exécrable en versant sud On se retrouve à 11 au départ de Grenoble après 3 forfaits dus aux entorse de genoux, torticolis et sciatique.
Voici d'abord le compte-rendu de Paul , bien plus vivant que le mien (j'avoue ne plus avoir l'enthousiasme à force d'en rédiger)
Nous partîmes onze et nous arrivâmes sept, nous faillîmes n'arriver que cinq ! Quel taux de perte hors des proportions admissibles pour ce raid à skis qui se voulait assez classique? Dans un coin quiet, le mot Dormillouse (marmotte en occitan) sonne tout doucement aux oreilles et respire le calme et le repos d'une montagne peu polluée par l'homme ( « et quand je dis l'homme j'embrasse toutes les femmes! » , citation rapportée par François, un des brillants finalistes), couverte de signe de la nature vivante : traces et excréments d'animaux, végétaux en tout genre décrits en détail et d'une manière passionnante par l'un des premiers disparus, Hyppolite.
Mais cette montagne s'est révélée beaucoup plus dure qu'il n'y paraissait de loin par ses couches de neige ou leur absence : - tout versant bien ensoleillé n'avait que quelques feuilles blanches pour cacher sa nudité? - tout fond de vallée avait une couche de neige importante composée d'un mètre ou plus de neige sans cohésion recouverte d'une croûte en général fine autorisant les skis à s'enfoncer profondément dans la structure au plus grand dam des skieurs surpris la première fois et tombant en avant ou en arrière selon la répartition personnelle des masses ! - tout versant froid avait une structure du même type qu'en fond de vallée avec une couche un peu moindre de neige sans cohésion et aussi un peu moins de croûte, ce qui a permis quelques belles parties de descente où nous nous sommes fait très plaisir et de belles traces.
Grand beau temps tout le temps avec un froid permettant à la neige de conserver ses qualités?
Tout a commencé le mieux du monde pour des randonneurs à skis n'aimant pas les compromissions : se faire arnaquer par une station de ski afin de gagner mécaniquement et sans effort la première montée au col de Fressinières? puis descente (2780m à 1680m) du long vallon avec les qualités de neige déjà évoquées, les négociations difficiles avec la croûte et la semoule et du très bon ski de temps à autre. Vallon très beau jusqu'à Dormillouse où notre refuge était situé tout en bas du hameau dans le coin le moins ensoleillé, assez austère avec une grande falaise et une forêt pentue dominante. Refuge avec confort assez spartiate mais ambiance chaude entre les 11 participants, ambiance bien aidée par les 2 litres de vin chaud quotidiens. C'était le premier jour, vendredi.
La montée au Grand Pinier s'est effectuée par 400m de forêt bien tracée puis une suite de très beaux vallons débouchant à un col 2800m. Cinq (Christian, Carla, Hyppolite, François et Sabine) sont montés au sommet lui même. Excellente descente, forêt de mélèzes mise à part. C'était le deuxième jour, samedi.
Constatation faite que le nombre de balades variées possibles est faible, nous décidons d'abréger le séjour d'une journée et de repartir lundi pour Prapic et d'y rester mardi pour gravir l'Aiguille d'Orcières ou la Coupa (dans sa grande sagesse notre président du caesug rando avait prédit à Mélina que Claude écourterait le séjour à Dormillouse!)
Nous remontons vers le col de Fressinière avec moult observations de la nature? But : accompagner les parents de Zilla, Mélina et Hyppolite, à qui elle manquait beaucoup et qui repartaient à Grenoble. François et Christian les ont accompagnés jusqu'au pied du col pendant que les autres s'arrêtaient à la cabane de Chichin. A l'occasion de cette deuxième descente de ce vallon il faut signaler que ces brillants randonneurs à skis (nous) vraiment prêts à toutes les compromissions utilisaient, dans le tiers plat en bas du vallon, les traces?des raquettistes qui avaient l'énorme avantage d'être bien tassées et compactées, permettant de glisser facilement sans se perdre dans la semoule, à l'intérieur d'une sorte de piste de bob large de 50cm, avec certains tournants un peu trop brusques pour les skis : il faudrait leur suggérer qu'ils prennent leur temps et tracent des courbes de plus grands rayons?. enfin merci à eux ! C'était le troisième jour.
Le retour à Prapic est prévu par les Lauzes Rousses. Le col est coté 2914m sur la carte de Claude et 2915m sur la mienne, et ce mètre a de l'importance car il ne fût atteint qu'après 6h15 d'efforts, en particulier pour tracer dans la neige semoule (merci à François, Christian, Carla et Michel), mais aussi pour s'orienter et choisir son chemin dans ce cirque très vaste et plein de mamelons dans diverses directions. Dénivelée cumulée sur l'altimètre de Michel : 1375m. Très belle vue circulaire (sauf le vieux Chaillol !). La génération la plus âgée était bien fatiguée en arrivant au col (¼ h d'arrêt seulement) mais heureusement ne savait pas encore ce qui l'attendait pour la descente : 1400m sur de la neige empilée en fond de vallon, restes d'avalanches, soufflée par le vent, croûtée, hérissée de pénitents ( Michel s'y tordit le genou après y avoir planté un ski) , en résumé totalement non skiable de haut en bas, incitant parfois à prendre la terre sur les parties chaudes puis à le regretter ! Arrivés au saut du Laïre à 18h le soleil était caché par la montagne depuis longtemps et le chemin gelé terminait en beauté cette superbe descente; ce chemin comprend de surcroît 2 passages très dangereux sous la chapelle et sur la dernière longueur avant Prapic où Kita d'une part et Claude d'autre part ont frôlé l'accident majeur, heureusement aidés par Christian et Carla. Arrivée à 18h30 à Prapic par la nuit après 10h30 d'efforts soutenus et 2 fois ¼ h d'arrêt! L'équipe épuisée décide de rentrer à Grenoble après avoir pris un repas fort gai et sympathique au cours duquel l'anniversaire de Claude a été souhaité, ce dernier nous a offert le repas?merci. Suivant sa réflexion prémonitoire, Hubert avait renoncé à cette traversée et, accompagné de Sabine, a rejoint la vallée de la Durance et pris le train panoramique pour Grenoble. C'était le quatrième et finalement dernier jour, lundi. Merci à Claude d'avoir organisé et dirigé ce raid (qu?on a surtout félicité pour sa prévision météo un mois à l'avance. Claude ), merci de l'excellente ambiance amicale?en particulier dans les difficultés. J'espère que vous avez maintenant toutes les explications des propos sibyllins du début de ce compte-rendu. Paul (chez qui on se retrouve mercredi 15 mars et où je vous rendrai les 4 euros de contre-marque d?Orcières).
Et voici mon compte-rendu nettement plus plat malgré des dénivelées identiques. Claude
Vendredi 10 - Col d'Orcières Dénivelée : 100m A Merlette il nous faut l'heure de manip de voitures Orcières -Prapic pour obtenir enfin le forfait nécessaire (2h de ski à 17 euros) pour atteindre le bas du col d'Orcières car nous ne sommes ni piétons ni plongeurs dans le lac des Estaris. Après 100m de montée on se retrouve à 15h au col 2782m sans traces versant est. Début de descente sur neige croûtée ou soufflée ou plaquée . Plus bas quelques passages de neige légère sur vaguelettes permettent d'apprécier le ski, mais c'est surtout au raidillon sous Chichin que chacun se fait plaisir, même si la neige s'effondre inopinément quelques fois. Une trace de raquette nous permet d'arriver en vue de Dormillouse au bout de ce long vallon glaciaire. Finalement on atteint vers 17h le gîte des Enflous tenu par Hélène et Marc, tout au bas du village étagé.
Samedi 11 Grand Pinier 3117m Dénivelée : 1100m Départ à 8h du gîte et montée par le chemin bien tracé dans la forêt jusqu'à 2000m. Le soleil nous accueille enfin vers 2500m et on continue en passant par Clamens . Au colu à 2780m la vieille génération s'estime rassasiée de dénivelée tandis que Carla, Sabine, Hyppolite et Christian entament les conversions du raide versant est de l'épaule, et finalement 2 atteignent le sommet. Ils descendront de l'épaule directement par un couloir sud-est bien raide. Après une heure de farniente au soleil les 5 restants commencent une descente en neige plaquée ou croûtée gênés par de nombreuses anciennes traces, mais dès qu'on attaque les pentes nord la neige vierge est douce à nos spatules. La fin du parcours en forêt arrête l'euphorie
Dimanche 12 Col d'Orcières (vallon de Chichin) Dénivelée : 500m On accompagne Mélina et Hyppolite sur le chemin de retour et on remonte le froid vallon sur son versant exposé au nord où la neige légère est agréable au tracer. On observe sur le haut des pentes sud de nombreux chamois. A Chichin une belle colline au soleil nous invite au repos tandis que Christian et François accompagnent nos 2 jeunes jusqu'au pied du col. Descente toujours aussi agréable sous Chichin et visite du village de Dormillouse encore ensoleillé. On profite des derniers rayons du soleil devant une bière Luc Alphand au gîte de l'Ecole. Des Enflous on observe à la lunette des chamois grattant la neige pour un brin d'herbe, des mésanges charbonnières ou nonnettes..
Lundi 13 Traversée sur Prapic par le col des Lauzes Rousses 2914m Dénivelée : 1370m cumulés On décide de rentrer ce lundi car le nombre de courses depuis Dormillouse est limité et elles empruntent toujours le même chemin de départ en forêt. Sabine (qui nous a fait une petite peur au retour du Grand Pinier) et Hubert nous quittent pour rentrer par Briançon. On suit la trace de Marc vers le Petit Pinier, mais à la cabane de Faravel il faut bien s'y mettre. Ce qui n'est pas toujours évident dans cette neige vierge qui s'effondre par moment. Mais dès qu'on aperçoit le col désiré l'ardeur revient et la trace est plus facile. On louvoie entre les rochers pour terminer cette montée superbe et on atteint le col à 14h15. Bref casse-croûte et aussitôt descente dans les pentes sud sur une neige rare ou exécrable parsemée d'énormes pénitents (30cm de haut) durs interdisent tous virages. Seules quelques plaques durcies nous permettent 2 ou 3 virages consécutifs. Certains continuent à pied, d'autres à ski, pour se rejoindre au fond du lit du Drac skiable sur quelques centaines de mètres et être stoppés par une cascade de glace. On prend alors le sentier qui mène aux abris de la Terce. On termine à pied jusqu'au saut du Laïre. Il est 18h et le jour faiblit. La descente sous la chapelle de la Saulce nous vaut une belle frayeur pour Kita sauvée par Christian et Carla et plus bas ce sont les mêmes qui me sortent d'un très mauvais pas (la tête en bas au-dessus d'une chute de 15 m sur des rochers). A 18h30 on atteint fourbus enfin Prapic et commence les manip de voitures après 10h30 de ski/marche pratiquement continues. On décide de rentrer sur Grenoble car une randonnée le lendemain n'est pas envisageable vu l'état des troupes. Le repas au Petit Ours à Orcières est fort joyeux et j'ai même assez de souffle pour éteindre la bougie de mon 67ème anniversaire. Raid très agréable grâce à la bonne humeur de chacun, la gentillesse de nos hôtes Hélène et Marc qui compense la frugalité des repas (il faut tout monter à dos de femme et d'homme)et l'inconfort du gîte. Claude