Jeudi 21 Mai 1998
frontière franco-italienne 21-24 mai 98
Claude Morand
Chevauchée sur la frontière franco-italienne 21-24 mai 98 à la recherche de l'esthétique de l'itinéraire et du Vieux Chaillol.
Départ de Grenoble Jeudi a 15h20, arrivée vers 18h au Pont Saint Charles 2050m au-dessus de Val d'Isère. L'heure tardive et le déneigement nous incitent à ne pas faire de manip de voitures au lac de la Sassière, nécessaire pour un retour d'Italie par le col de la Tsantleina. Portage le long des gorges de Malpasset jusqu'au refuge a 19H. 5 autres randonneurs y préparent aussi leur repas du soir, le refuge n'étant gardé qu'à partir de vendredi. Le temps assez couvert nous fait craindre le manque de regel nocturne. Mais le moral, dopé par 2 bouteilles de vin et la poire de Christian, reste au beau fixe.
Vendredi lever 5H, départ 6H pour la Grande Aiguille Rousse (3482m) : la neige est à peine durcie, et le temps toujours aussi couvert, même si un peu de ciel bleu dégage l'Aiguille Pers. Montée dans la brume humide (un peu trop rapide pour les cinquantenaires : 500m/heure selon Christian) jusqu'au glacier, puis on a le plaisir de voir se dégager notre sommet quelques instants. Arrivée au col du Montet où on laisse les skis : l'arrête bien partiellement enneigée est recouverte de pénitants, un skieur 'accro' n'y pourra faire que du dérapage à la descente.
Du sommet, moins venté que le col, vue magnifique sur l'Italie : la Grivola, le Grand Paradis parait bien nu, Ciarforon, Trésenta, et le cirque de Haute Maurienne avec les Lévannas, pointe Francesetti, Albaron, Charbonnel, Pointe de Ronce. Du côté de la Vanoise : Méan Martin, Grand Roc Noir, Dent Parachée, Dômes, Sana, et bien sûr Grande Casse et Grande Motte. Dans l'enfilade du col de la Rocheure : Meige et Rateau, mais pas de Vieux Chaillol! Au nord la Galise et le Roc de Bassagne restent pris dans les nuages, nous inquiétant pour la traversée du lendemain.
Pour attendre le dégel retardé par des passages nuageux et un vent bien froid, on suit l'arrête jusqu'à la Petite Aiguille Rousse, la pente exposée Est nous permet de démarrer la descente sur bonne neige, puis on se secoue les guibolles sur un court passage de pénitents encore durcis. On se régale à nouveau sur la neige granuleuse de la partie finale du glacier. Les 300m finaux se déroulent sur (dans?) une neige un peu molle , mais skiable. Retour au pays des marmottes et au refuge où le gardien coureur arrive juste à temps pour nous servir bières et panachés. Sieste.
Samedi après une nuit étoilée, tout se couvre dès le petit déjeuner à 5h30, départ 6h15 pou la Galise (3343m) , on porte les skis 15 mn au-dessus du refuge. Les sommets se dégagent quand on attaque (simplement aux couteaux) la pente raide en dessous du glacier de Bassagne. La fin de la course se déroule sur le plateau glaciaire couvert de petits pénitents. La vue, dégagée vers le nord, est encore plus spectaculaire que la veille : Mont Blanc, Bionnassay, Aiguille des Glaciers, Ruitor, et au fond du cirque, bien dénneigé, le refuge Bénévollo à l'entrée du val de Rhèmes. Du sommet vue plongeante, impressonnante, sur le col de la Galise, le col de la Lose, le col de la Vache qu'un groupe est entrain de redescendre sur l'Italie ( lac Serru et col du Nivollet) par des pentes qui nous paraissent très raides. Et toujours pas de Vieux Chaillol!
Comme la veille, le vent froid ne nous laisse pas espérer la transformation de la neige pour tout de suite, et à 11h on décide de commencer la descente sur Bénévollo, Patrick retournant sur Prariond. Début de descente sur neige désagréable à cause des pénitents, mais après 300m, on traverse le glacier sous les séracs pour prendre la rive ouest un peu ramollie par le soleil levant sous le col de Bassagne. Neige excellente jusqu'à un court portage. On rechausse pour arriver, à 500m du refuge, à côté d'une bergerie où on planque nos skis pour éviter un portage inutile le lendemain. Accueil chaleureux au refuge : bières, sieste. Il y a presque autant d'italiens que de français. Les environs du refuge sont couverts de fleurs, en particuliers d'anémones de toutes les nuances, des bouquetins broutent tranquillement à 500m de là. On a de la peine à trouver un coin sans fleurs et à l'abri du vent pour la sieste. On dégustera les lasagnes, la minestrome, la polente et un excellent vin rouge en compagnie de Gilles et Téa venus de Turin faire la pointe Basai. Discussion échauffée grâce à la poire de Christian et le genièvre de Téa. Mario, le gardien guide polyglotte, juge inesthétique notre itinéraire du lendemain (col de Rhêmes-Calabre, puis Roc de Bassagne) et nous conseille le Roc del Fond.
Dimanche départ à 6H, on retrouve nos skis. Avant d'attaquer le glacier nous croisons 8 chamois au galop. Le passage sous la Granta Parèï est grandiose. La vue sur la face nord de la Tsantleynaz, pratiquement sans neige, me rappelle mes 300m de chute 8 ans en arrière. On change d'avis pour la suite de la course et on décide d'aller à la pointe Bazel 3424m pour être plus 'esthétique', mais surtout pour redescendre le col de Rhêmes-Calabre -exposé sud- par neige transformée. Longue bavante sur le glacier et arrivée vers 10h30 au sommet avec une vue... comme d'habitude. On aperçoit 4 randonneurs sur le versant sud de la Tsanteleina : ils ont dû porter les skis au moins sur 1000m de dénivelée depuis le pont Saint Charles sauf s'ils viennent du lac de la Sassière par le col de Ballaita. Descente sur le col de Rhêmes-Calabre vers 11h en évitant les séracs par la droite à raz les rochers. Courte remontée et descente du col en excellente neige. Encore des chamois! Quelques névés nous évitent de porter les skis sur les 400 derniers mètres jusqu'à la voiture. Jean-Yves se fait doubler par le gardien du Prariond qui courre encore et toujours. Christian remarque un panneau à double sens à l'entrée des gorges de Malpasset signalant la réserve de Val d'Isère :' Pénétration avec chien : coût 900fr' . Tout est cher près des stations!
Val d'Isère est désert hors saison, un seul petit bistrot tenu par des guadeloupéennes nous permet de savourer bières, panachés et frites.
Claude, qui aurait bien aimer faire ce tour un mois plus tôt, mais encore ensorcelé par la beauté des paysages qui nous ont baignés pendant ces 3 jours, même sans Vieux Chaillol.