Lundi 24 Février 1997
Raid: Col de la Cayolle
Dénivelé : 7000m
Claude Morand
Lundi 24 février : arrivée au gîte après 15km de gorges grandioses (roc+glace) de Barcelonnette a Bayasse (= paille de lavande). Vue sur la face Nord du Cimet qui nous attend mardi.
Mardi 25 : depart sans precipitation mais avec légères precipitations (pluie puis neige) sous un ciel bien charge. Montée au col des Esbeliouses 2498m par le vallon de la Saume (= la mule). Dans le haut du vallon la neige travaillée par le vent oppose des zastrouguis (dixunt les participants au week-end nivo-météo) a notre progression. On traverse vers le petit col Tallon 2673m. Henri affronte, astucieusement sous un petit rocher, la corniche qui surplombe les qques mètres raides du col,... et prend toute la petite plaque a vent sur la figure, ce qui le ramène 30m plus bas, fauchant Dany sur son passage. Cette plaque sans cohesion s'est forme avec les qques cm de neige tombes dans la nuit et souffles par le vent du NW. Le dévouement d'Henri n'a décidément pas de limites! Après cette purge on surmonte tranquillement le col soit a pied soit a skis. Sur le plateau qui mène a l'arrête sud du Cimet le vent, la neige et l'absence de visibilité incitent quelques uns a redescendre. Sur l'arrête étroite qui mène au sommet les mêmes raisons nous poussent tous a faire demi-tour. Redescente par le vallon de la Grande Cayolle sur une neige molle pas skiante. Aucune rencontre lors de cette journée.
Mercredi 27 :Traversée de la Sanguiniere (2856m). Depart sous un ciel encore bien couvert en direction S puis SE par le vallon de la Sanguiniere. Les nuages s'éclaircissent mais le vent forcit quand on passe sous le col de la Sanguiniere pour arriver au petit col 2758m qui sépare la Tete du Colombier du sommet de la Sanguiniere. Les courageux vont a pied jusqu'au sommet, les moins courageux font demi-tour et cassent la croute sous le col a l'abri du vent du nord. Descente assez raide sur 50m (qu'on peut éviter par une traversée W sur la droite) mais sur la neige transformée du versant sud, puis excellent ski ( a condition de choisir les pentes exposées sud) jusqu'a la foret ou l'on mange enfin au chaud! En se rapprochant de la route du col de la Cayolle on fait notre premiere rencontre humaine de la journée. Descente sur Esteng par des pres très skiants. On trouve difficilement le gîte-ferme des Louiqs, a 1700m d'altitude, 100m en dessous de la passerelle qui relie la route carrossable du col a la rive gauche du Var. Nous sommes accueillis par Daniel et Gudrun Ferrand (enfants : Basile, Odilon et Leonie) qui tiennent une ferme dont les produits vont nous régaler :
MERCREDI SOIR : CAROTTES RÂPÉES JAMBON CRU + CORNICHONS + OLIVES BLANQUETTE DE VEAU + RIZ COMPLET FROMAGES FRAIS ET TOMME Jeudi 28 : dejeuner : 5 confitures (groseille, framboise, cassis, abricot, prune) pain complet au cumin, pain blanc, lait, beurre de la ferme , le tout a volonté
Depart pour la Cime du Pal (2818m) dans un vent tempétueux pour le vallon de l'Estrop (= le troupeau). Neige dure : on met les couteaux pour resister aux bourrasques qui s'engouffrent dans le goulet. Sur le plateau on croise de loin 4 skieurs venant du refuge de Gialogues et qui partageront le gîte avec nous le soir. On prend a droite un vallon qui nous mène a l'ouest de la Baisse de la Mouliere. Arrives au col un coup de vent encore plus violent renverse 5 d'entre nous : Jean Bernard se blesse et perd un manche de pelle, Claude perd une moufle. Les plus courageux continuent jusqu'au Pelat, mais dans quel état ! : certains affirment avoir vu la Corse, d'autres qu'il n'y avait plus de vent au sommet etc... Peut-on croire pareilles élucubrations dues aux claques du vent?
Les moins courageux, cad les plus raisonnables, redescendent par un cheminement qui passe aux cabanes de l'Estrop et plonge sur le vallon par une jolie pente convexe (dixit Henri) tout juste transformée. On se regale sur des pentes exposées sud jusqu'au gîte situe au pied du vallon. Exercices d'ARVA : la recherche individuelle d'un seul arva est encore a perfectionner (2 a 8 minutes)
JEUDI SOIR : SOUPE DE POTIRONS JAPONAIS AU PERSIL ESCALOPES DE VEAU + BOULETTES DE VIANDES (façon Gudrun) RATATOUILLE ET POMMES DE TERRE FROMAGE BLANC AU COULIS DE CASSIS GENEPI DU PATRON
Vendredi 28 : Traversée de la Montagne de l'Avalanche 2729m. Depart a 8h pour monter a la Montagne de l'Avalanche par le Lac Lausson et le pas 2596m situe entre la Montagne de l'Avalanche et la Tete du Lac. Notre arrivée dans le vallon suspendu dérangent une dizaine de chamois qui se laissent admirer a distance. Certains (nous, pas les chamois) finissent en crampons (inutiles) l'arete de la Montagne de l'Avalanche . Casse-croute au soleil, sans vent. En redescendant versant nord on aperçoit une poignée de randonneurs montes du lac d'Allos. Descente du pas de Lausson 2602m, raide sur 100m mais en bonne neige transformée. Une suite de croupe très skiantes nous amène sur une banquette de neige 200m au-dessus d'Esteng, bien exposée, cad propice a 2h de sieste ou de bavardages. L'idee d'un exercice d'arvas avec mise en conditions d'accident, s'évapore au soleil. De retour au refuge Henri, qui n'apprécie guère les pentes raides (et convexes!), passe sa soiree a nous mesurer les pentes a affronter le lendemain pour la traversée du Pelat : plus de 40° au pas de la Grande Barre!
VENDREDI SOIR : SALADE VERTE+ PATE DE CAMPAGNE+ FROMAGE DE TETE TARTE A L'OIGNON façon Gudrun DAUBE PROVENCALE + POLENTA FROMAGE FRAIS ET TOMME FLANC AU CARAMEL
Samedi 1 mars 97 : Traversée du Pelat (3050m). Depart NW a 7h vers le petit téléski pour les lacs Garrets. Le pas terminal, non transforme par le soleil voile, se fait facilement en crampons mais plus acrobatiquement avec skis et couteaux. Au moment de redescendre le vallon W sous le col de la Petite Cayolle, Henri qui redoute les 40° du pas de la Grande Barre, Carla et Paul nous quittent pour rejoindre Bayasse par le col de la Petite Cayolle. Charly et Patrice avisent un couloir raide (45°) pour surmonter les barres rocheuses qui défendent l'accès au Pelat vers 2300m. Le reste du groupe redescend jusqu'a 2350m pour remonter (en crampons ou skis+couteaux) un large couloir soutenu (35°). En haut on retrouve nos 2 comperes obliges de descendre sans piolet le couloir envers de celui qu'ils viennent de monter et tout aussi raide. La suite de la montée se fait sur des pentes S plus débonnaires. On quitte les skis a 100m sous le sommet qu'on atteint en crampons. Vue sur le Viso, la Tete de Moïse le Brec de Chamberon au NE, le Vieux Chaillol et le Ventoux a l'ouest, le Pelvoux et les Ecrins au nord. Redescente par neige un peu dure mais skiable jusqu'au Trou de l'Aigle (2650m) et remontée au Pas de la Grande Barre dont la pente N n'impressionne personne ( 40° a peine sur 70m) malgré la neige soufflée. On plonge sur le vallon de la Grande Cayolle avec des pentes N soutenues mais en bonne neige. Retour a Bayasse vers 17h où Henri se fait pardonner sa defection par une profusion de bières et de jus de fruits. Merci Henri. On se quitte : tout le monde est ravi des 5 journées passées ensemble, enfin presque tout le monde... Bilan du raid : coin presque desert, on a perdu 2 manches de pelles et 2 opinels, mais on a gagne des kilos en trop grace a la cuisine de la gracieuse Gudrun, 30 vins chauds, 13l de vin consommes a Esteng. Telephone du gîte des Louiqs : 04 93 05 54 22
