Vendredi 27 Avril 2001
Ambin (Maurienne)
Dénivelé : 1300m Très Bon Skieur Alpin
Claude Morand
Raid Ambin 27-30 avril 2001
Vendredi 27 avril - Rendez-vous à 14h sur le campus et départ à 14h45 de la rue Flora Tristan après avoir assuré la teneur en bière du chauffeur Président. Seuls quatre hommes rouleront jusqu’au Suffet 1700m (Bramans) atteint par la route vers 17h30 pour y savourer potages, bolinos et autres merveilles déshydratées... Ce qui par contre ne l'était pas, c'était la bouteille de bordeaux emportée au dernier moment de la cave de Claude, qui a un peu atténué la fraiîheur nocturne de ce refuge entièrement rénové par son propriétaire (de très bon conseils pour les bricolos...)
Samedi 28 avril. Lever à 5h après une nuit passablement nuageuse, départ a 6h15 vers 1850m sur la route du vallon d’Etache, le véhicule présidentiel, malgré la pression interne, n’osant affronter les résidus neigeux qui jalonnent le chemin jusqu’au Bahut 1920m occupé par un forage exploratoire (profondeur 1270m, longueur 2700m) du futur tunnel ferroviaire Saint Jean de Maurienne -Suze . Les nuages nous masquent souvent la suite de l’itinéraire, mais a 8h, après une succession de pied / skis sur le chemin horizontal, nous attaquons la sérieuse pente de Cote Cornue pour déboucher enfin au soleil sur le vaste plateau suspendu qui mène au Plan d’Etache. Le passage sous la falaise plâtrée de neige fraîche du Grand Bec d’Etache nous enchante et rappelle la Grande Parei.
Nous continuons toujours en neige vierge jusqu’au col à 3080m sous le Petit Vallon. Christian et Charly font une tentative au sommet (3200m) mais renoncent à 75,5 m du but avant de nous rejoindre, Jean-Yves et moi, pour casse-croûter sous le col enfin à l’abri du vent. A 12h nous entamons la descente sud versant Ambin sur une neige convenable jusque vers 2700m. Le replat plein nord nous mène à 2650m et enfin nous attaquons une neige digne de nos compétences: pourrie sans fond, qui cède sous le moindre appui. Le stem règne juqu’au ruisseau d’Ambin et nous atteignons le refuge vers 13h.
Nos trois randonneuses Caesug, retenues à Grenoble par des obligations professionnelles (sic!) nous apporteront vers 17h30 réconfort (surtout pour votre serviteur...), et un anorak pour celui d’entre nous à qui échappe quelquefois les contingences matérielles. Repas arrosé du génépi du gardien Sebastien Notter et des plaisanteries de Dimitri le parisien.
Dimanche 29 avril - La nuit a été claire, mais les idées s’embrouillent: Pointe Sommeiller, Pointe Ferrand ou Pointe Nible?. Laissons au hasard et à Christian et Josiane le soin de décider: on les suit jusqu’au déversoir du lac d’Ambin, et plein Est un itinéraire sauvage se faufile dans des goulets, surmonte des congères, se hisse sur des plateformes dominant le lac d’Ambin, pour rejoindre l’itinéraire normal où Christian peaufine une trace rassurante pour le plus timoré d’entre nous (moi).
En débouchant sur le plateau à 3050m nous pouvons contempler les pointes Ferrand et Nible à portée de main, au soleil. Hélas une demi-heure plus tard c’est dans un nuage très épais que nous atteignons le col à 3322m et seul le president chausse les crampons pour se hisser au sommet à 3345m et y entr’apercevoir (dit-il) le disque solaire.
Descente immédiate sur une neige excellente le long de la trace de montée à peine visible jusqu’à l’entrée du goulet à 3050m heureusement retrouvée grâce à mes noyaux de dates (tel le Petit Poucet). Le goulet bien raide s’éclaircit un peu, le plateau dominant le lac se négocie prudemment dans le jour blanc, et le petit goulet final en neige transformée se révèle...gouleyant. Notre sieste est interrompue par un hélicoptère venu chercher une randonneuse du GUMS accidentée (entorse du genoux) à 3000m sous le col de l’Agnel, et que ses copains ont réussi à descendre assise sur un traîneau de fortune (2 skis + 1 sac + 20m de cordelette + 4 skieurs costauds) jusqu’au ruisseau d’Ambin à 2400m dégagé des nuages.
Lundi 30 avril - Après une nuit calamiteuse (vent+neige) et un petit déjeuner maussade, désespérant de voir arriver les éclaircies prévues par la météo, nous descendons du refuge à skis jusqu’à 10mn du Suffet. Manip de voitures pour récupérer celle de Charly, cafes à Modane, casse-croûte rue Flora Tristan, assez arrosé pour changer un peu (beaujolais, bordeaux, fitou, génépi, marc) et alimenter une conversation de plus en plus passionnée d'abord autour de la vie culturelle grenobloise, puis des mérites comparées des musiques classique et andine, ainsi que des cinq variétés de saucissons que chacun a déballé (hum !!!) ...
Séparation autour de quelques brins de muguet qu’on arborera fièrement à la boutonnière pour le défilé du 1er mai, ce qui justifie pleinement cette fin de raid précipitée et ...fort arrosée.