Dimanche 18 Février 2001

<-- ^ -->

Mercantour

      Dénivelé : 1000m      Très Bon Skieur Alpin


Claude Morand et Paul De_Saintignon


Raid en Mercantour du 18 au 23 février 2001.

Dimanche 18:

Départ 9h du campus, pique-nique a Barème. Vers 15h au col Saint-Martin 1500m, on constate que le manque de neige à basse altitude ne nous permettra pas de suivre au nord la croupe jusqu’au Mont Pepoiri.

Lundi 19: Cime de Pagari de Salese 2678m

Départ à 8h du Boréon, ou plutôt à 1km plus haut sur la route du col de Salèse, col qu’on atteint 2h plus tard en ayant la plupart du temps cheminé le long du GR52 sous les mélèzes. On traverse à flanc vers le Camp Soubran et, un pansement d’ampoule m’ayant retardé, je retrouve sous Frémamorte le groupe en pleine discussion sur la localisation de la Baisse de Rogue. Colette s’est échappée en direction du col de Frémamorte, mais elle nous revient lorsque le groupe aborde la pente ouest de la Baisse de Rogue où les couteaux mordent à peine la neige vitrifiée.

Tout le monde est assez habile pour monter à skis, mais je préfère monter en crampons. Ghislaine et Hubert qui n’ont pas pris leurs crampons (mal conseillés par qui JB?) redescendent vers le col de Salèse. JB, Colette et Jeannot continuent vers la Cime de Pagari alors que nous pique-niquons au soleil du col.

Vers 13h nous plongeons en neige transformée sur le vallon des Nancettes jusqu’au point 2137m où, sur 300m de S4 en excellente neige transformée, nous faisons joujou avec quelques chamois. Pour rejoindre le chemin enneigé de Vallière du Téras il nous faut déchausser et descendre un quart d’heure un raide vallon déneigé. Nous rejoignons finalement à skis les voitures où nous attendent Ghislaine, Hubert et deux gardes du Parc qui nous montrent une crotte de loup (vingt loups dans le Parc dont deux au Boréon).

Mardi 20: Cime de Guillé 2999m (sic!)

Départ a 7h50 du gîte du Boréon avec les skis sur le sac. Je marche en tête, lentement, préoccupé à suivre le GR52 qui se faufile entre les chemins privés qui mènent aux chalets de ce versant sud. Enfin j’atteins le poteau indicateur 371 où tout est clair: à droite GR52, ref. de la Cougourde 2h15 et tout droit vers le nord: Vacherie d’Erps 15 mn, Cime Guillé 4h30.

Nous émergeons au soleil près de la Vacherie d’Erps à 8h15 et attendons Jeannot, Colette et Ghislaine pendant 10mn. Un randonneur rapide nous dit en passant qu’il n’a vu personne en montant derrière nous. Aussitôt JB dévale le sentier jusqu’à la bifurcation pour courir sur le GR52 jusqu’à 9h10 sans rattraper nos copains. Il nous retrouve à la vacherie d’Erps et nous continuons sans rien comprendre à ce qui s’est passé. Préoccupés par un taux de pertes jusque la inégalé au Caesug, nous continuons le vallon d’Erps sur une neige éparse sous les mélèzes, puis un raidillon à couteaux nous amène sur le vallon supérieur glacé par une lombarde agressive.

Le franchissement vers l’est de la Baissette nous permet d’atteindre le petit lac à 2724m vers 13h. JB et Jean continuent courageusement vers la Cime Guillé atteinte vers 14h avec la chute du vent. Les cinq restants, frigorifiés malgré la contemplation de trois chamois très proches, décident à 14h d’entamer la descente du vallon de la Baissette qui commence à être envahi par l’ombre du Pelago.

La neige croûtée, ventée, n’a pas évolué et le ski n’est pas terrible. Nous repérons enfin le passage vers l’est 2240m que m’a signale Christian et qui permet de rejoindre directement le refuge de la Cougourde. De ce point nous voyons arriver JB et Jean en tête d’un groupe de pyrénéens qui sont montés au Guillé. Et nous arrivons au refuge ou nous sommes rassurés par la présence de nos trois manquants qui ont effectivement suivi par erreur le GR52.

Ils me reprochent de ne pas les avoir attendus au départ (mais la veille on m’avait reproché un départ trop tardif), de ne pas avoir fait de regroupement a la bifurcation lorsque la montée a la vacherie d’Erps quitte le GR52. C’est effectivement une négligence de ma part, mais comment imaginer qu’arrivés à cette bifurcation des randonneurs expérimentés ne sortent pas la carte, abondamment étudiée la veille, prennent la direction “ref de la Cougourde 2h15” , alors qu’on a prévu 6h pour l’atteindre? Soirée glaciale (température et ambiance) au refuge, malgré la gentillesse de la gardienne Barbara Bianco.

Mercredi 21: Cime ouest de Fenestre 2662m

Suivant les conseils de Barbara nous traversons vers le sud les pentes ouest qui mènent sous le lac de Trécolpas, en faisant l’erreur de garder les peaux, et nous nous fatiguons à rester à flanc sur ces pentes où les parties gelées réclament les couteaux à certains. Nous remontons sans vent le vallon jusque sous le Pas des Ladres, bien gelé comme me l’avait annoncé Christian. JB chausse les crampons au bas de la pente, moi je trace dans le petit vallon de gauche où la neige qui glisse sur une couche dure nous oblige avec Paul et Hubert, à mettre aussi les crampons. Michel réussit mieux dans le vallon central et atteint à skis une petite plate-forme qui permet de chausser tranquillement les crampons pour gravir les 20 derniers mètres raides et gelés (je comprends la main courante posée par Christian pour la descente), tous sauf Jeannot qui termine sans crampons. La Cime ouest de Fenestre nous tend les bras, certains posent les sacs, et en 20 mn nous atteignons le sommet.

Vue sur l’Argentera déneigée, le Viso, la plaine du Pô bordée par l’arc alpin. Vers 13h, descente merveilleuse en neige transformée jusqu’aux sacs laissés au Pas 2448m, et enchainée aussitôt jusqu’au pique-nique (enfin!) au-dessus du refuge sous les mélèzes. Beau refuge d’hiver tenu par le sympathique Patrick Méraillet, mais pas d’eau (ni chaude, ni froide...), pas de WC (bonjour les abords des maisons!), et peu d’électricité (on mange à 18h30 et se couche à 20h30!)

Jeudi 22: Balcon du Gélas 3085m

Toujours sans vent, on redescend à la vacherie pour remonter rive gauche le long du GR52, puis le vallon de Cabret jusque sous le lac dont on évite les barres du déversoir par la gauche. Le versant ouest du lac est encore en neige dure ou même vitrifiée. On continue par une suite de replats et de raidillons assez épuisante pour occasionner des décrochages: Hubert, Jean puis Ghislaine s’arrêtent à différentes stations. La fatigue se fait sentir pour tout le monde.

Du sommet nous avons toujours une belle vue vers le nord par dessus les corniches, mais pas de Méditerranée et de Corse vers le sud. Descente aussi merveilleuse que la veille jusqu’à la vacherie où le ruisseau glacé permet aux moins frileux d’esquisser une toilette ignorée depuis 3 jours. Courte remontée en peaux au refuge où nous attendent bières et vins chauds.

Vendredi 23: Mont Ponset 2828m

Au dessus de la vacherie on franchit un raidillon par la rive gauche du vallon de Ponset (contrairement à l’itinéraire indiqué sur la carte IGN) puis passons sous la baisse des cinq lacs visitée par le Caesug il y a une semaine, et mettons les couteaux pour atteindre le replat a 2400m. Vers 2500m seuls trois courageux se lancent a l’assaut des raides pentes sommitales du Mont Ponset. JB et Jeannot atteignent le sommet en crampons et doivent descendre les premiers mètres à 45 degrés en escalier. La descente se fait rive droite du vallon sous le regard de trois chamois curieux sur une excellente neige transformée jusqu’à la vacherie atteinte vers 13h.

Suite rapide sur la route enneigée jusqu’aux voitures garées ici lundi vers 1300m. Manip de voitures avec aller retour au Boréon. Deux voitures rentrent sur Grenoble, l’une par la route (arrivée à 22h à Grenoble après un repas d’1h à Eyguians), l’autre par l’autoroute 120km de plus (arrivée vers 21h30 sans repas).

Bilan:

Très beau temps pour un très beau raid dans un très beau massif bien enneigé mais très alpin, avec des conditions nivologiques assez sûres. Excellentes descentes sur neige transformée (quatre réussites sur cinq). Accueil sympathique et bonne cuisine de Christian, Barbara et Patrick gardiens des trois refuges (dont deux spartiates). Quand dans un raid chacun apporte sa contribution par sa connaissance de la neige, par ses qualités de skieur, par sa lecture de la carte, par son sens de l’itinéraire, par son sang froid en cas de coup dur, par son souci de ceux qui sont en difficulté, ou tout simplement par sa gentillesse et bonne humeur, bref quand personne ne se comporte en consommateur, c’est parfait, en somme un vrai raid Caesug! C’est pour toutes ces raisons que je me lance avec plaisir dans l’organisation et l’encadrement d’un raid et je remercie l’ambiance chaleureuse des copains et copine (au singulier). A contrario la violence du jugement de Colette à la Cougourde et ses multiples récriminations m’ont très eprouvé, et dans ces conditions je ne vois pas comment je pourrais a nouveau faire de la rando avec elle.

-