Samedi 27 Janvier 2001

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Stage Nivologie FFME

Frédéric Noël


(Villard d'Arène, 27-28 janvier 2001)

Formateurs  : Thierry Duffar et Patrick Boisseau.

Les formateurs commencent par rappeler les objectifs des stages «Neige et Aval anches» de niveau 2 de la FFME: donner aux stagiaires une autonomie suffisante pour pouvoir encadrer une course de neige (skis, raquettes). Le programme du stage est présenté. La formation comprendra une partie théorique et une partie su r le terrain. Les différentes notions abordées seront :

  • la connaissance de la neige
  • la prévision du risque
  • les secours en montagne
  • utilisation des arvas
  • la préparation et la gestion d'une course sur le terrain.

Le niveau de base requis pour un niveau 2 est plus élevé que pour un stage de niveau 1: les débutants sont à proscrire, il faut avoir une certaine expérience e t pratique de terrain, une connaissance de l'arva et des techniques de recherche en situation d'avalanche. L'ambition du stage est d'aller plus loin que la connaissance habituelle, c'est-à-dire de consolider la compréhension de la neige, fournir des connaissances théoriques (nivologie, météo, lecture de carte, gestion de groupe, maîtrise de l'itinéraire, etc.), améliorer la pratique de l'arva, se forger une opinion sur les avalanches et les risques. C'est une étape théorique nécessaire avant la formation d 'initiateur.

I. Formation théorique

I.1. La neige

Les différents types de cristaux de neige; effet du vent; stabilisation (feutrage et frittage) les métamorphoses de la neige fraîche; importance du gradient thermique (grain s fins ou grains anguleux, gobelets) les métamorphoses de la neige humide  (printemps); importance de la fraction de liquide historique du manteau neigeux -> strates.

I.2. Les avalanches

Mécanique du manteau neigeux  (équilibre entre charge et frottements-cohésion) avalanches de neige fraîche (poudreuse) coulées de neige fraîche, avalanches de plaques (plaques à vent, plaques friables), avalanches de fonte.

Exercice: estimation du risque d'avalanche sur des plans de coupe théoriques de manteaux neigeux.

I.3. Analyse des bulletins nivo-météo et prévision du risque

Les mesures sur lesquelles s'appuient les prévisionnistes de Météo-France, accès aux différents bulletins (téléphone, minitel, internet), analyse d'un bulletin d'estimation du risque d'avalanche; présentation de l'échelle européenne de risque d'avalanche, analyse statistique des accidents dûs aux avalanches -> importance d'une intervention rapide, techniques d'utilisation des ARVAS, importance d'un entraînement régulier, premiers soins, présentation de divers tests quantitatifs pour l'appréciation du risque d'avalanche (test 3X3 de Werner Munter, NivoTest).

I.4. La préparation et la gestion de la course

Avant la course:

Analyse du bulletin nivo-météo, connaissance de l'historique du manteau neigeux, choix de l'itinéraire sur la carte; timing, prise en compte des facteurs humains (nombre de personnes, niveau technique).

Au départ de la course:

Neige, météo, relief -> réévaluation des objectifs, réglage altimètre, test des arvas, sangles et dragonnes à enlever, comptage des participants, choix d'un serre-file.

Dans la course :

Observation du terrain, de la neige, de la météo; facteurs humains  -> choix de l'itinéraire, modification éventuelle des objectifs.

II. Sur le terrain

II.1. Aspects pratiques

Entraînement à la recherche d'ARVA.

Les entraînements aux recherches d'ARVA ont suivi un déroulement classique: seul avec un ARVA enfoui, seul avec plusieurs ARVA enfouis, à 16 avec plusieurs ARVA enfouis.

Les temps de recherche ne sont pas dès les premiers tests suffisamment courts. L'entraînement renouvelé est indispensable.

La sonde est un instrument très important surtout en recherche fine en particulier si l'ARVA est enfoui profondément, point sur lequel on ne peut rien présumer a priori.

Enfin lors de la mini-course présentée juste après, une recherche surprise a été organisée. Celle ci aura montré la difficulté de s'organiser à 16 en commençant tout simplement à la mise en réception de tous les ARVA. Tout le monde ne l'ayant pas fait immédiatement, les premiers à chercher ont été perturbé par les ARVA non ensevelis qui émettaient.

Il nous a semblé primordial d'augmenter la fréquence des exercices lors des sor ties. De plus il serait important de ne pas se contenter d'enfouir l'ARVA à quelques centimètres sous la neige. On prendrait ainsi conscience de l'intérêt des sondes dont il faudrait être doté comme pour les ARVA.

II.2. Mini course

Une mini-course nous a permis de mettre en oeuvre les discours théoriques. Elle a commencé par une analyse des critères reconnaissables à la sortie de la voiture: traces d'avalanches, vent, accumulation, météo, observation du terrain, etc. Ces observations ont conduit à un choix commenté d'un itinéraire vu de loin. Les forts risques d'avalanches ce jour là nous ont permis de justifier la gestion de l'espace entre les skieurs.

La course a aussi été l'occasion de faire des coupes du manteau neigeux pour observer les différents cristaux. On termine ces coupes par la mise en oeuvre de coins suisses pour observer la rupture du manteau neigeux.

Enfin la course a été l'occasion de confronter l'utilisation du nivo-test avec une situation réelle. Il s'agit d'une check-list d'observations que l'on peut faire afin d'apprécier le risque d'avalanche. La manipulation de cet outil, que l'on peut garder facilement acessible sur soi, est très facile. Les prévisions ind iquées par le test sont vite pessimistes: ce dimanche là, on aurait pratiquement dû faire demi-tour avant de partir, vu l'état de la neige, l'importance du groupe, le vent. Et en y réfléchissant bien, on aurait bien plus souvent dû faire demi-tour, lors de nos nombreuses sorties... Alors, est-ce nous qui sommes en général trop optimistes ??

III. CONCLUSIONS

Le stage Nivologie nous a paru très intéressant. Il permet d'affiner la réflexion sur les conditions et les risques pris lors des sorties, et permet de faire le point. Il met en évidence quelques lacunes: pourquoi n'emportons nous pas plus de sondes lors des sorties? On espère bien qu'il n'y en aura pas, mais en cas de pépin serons-nous assez rapides? Enfin le stage met surtout en évidence nos incompétences: il n'apporte pas que des réponses.

On aimerait bien motiver le plus grand nombre d'entre nous à participer à ces stages: on ne s'y ennuie pas du tout même si on perd peut être l'occasion de faire une ou deux sorties. Alors même si nous avons tardé à produire ce compte-rendu , nous pouvons assurer que nous avons pleinement profité de ces deux jours.

Grenoble, Avril 2001 Jean-Michel Missiaen, Gérard Mortha et Frédéric Noël.

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